IL Y A UN AN... NOTRE-DAME

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Claudie
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IL Y A UN AN... NOTRE-DAME

Message par Claudie »

Ce 15 avril 2019, nous étions dans une belle salle du CIDJ, à regarder le film LA TOILE D'ARAIGNEE de John Christensen, quand on nous a prévenu que Notre-Dame flambait, au grand émoi de tous. Double tristesse, car nous perdions ce même jour, l'ami Louis Bériot, ce pilier du Comité Bastille. Dans la lignée de nos combats, un ami cinéaste à FR3 Vosges, a écrit ce très beau coup de colère, lequel, dit-il, serait de la même teneur que pour le Covid19.

Les «croisés» du CAC40…

Il n’y a pas trois jours que Notre Dame de Paris est en cendres que les milliardaires l’ont déjà couverte d’or au point que certains chrétiens sont tout contrits, surtout en pleine campagne nationale d’appel aux dons, à grand renfort d’affiches couleur 4x3. Coïncidence fortuite certes, mais il y aurait de quoi être un peu gêné !
Le 17 avril, près d’un milliard d’€uros s’abattent sur la cathédrale à l’agonie. Il n’y a pas que l’eau qui inonde les voûtes et les piliers de l’édifice. Cet événement a le mérite de valider une théorie stupide en toute ironie: celle du «ruissellement». En tête de procession: Pinault, LVMH, Total et Bettencourt sont arrivés au galop, tels des croisés du CAC40. Ce ne sont pas des enfants de chœur et il n’a pas fallu 48 heures aux gens de peu pour reconnaître les gros sabots des quatre «cavaliers de l’apocalypse». Normal.

Pourquoi de telles sommes sont-elles débloquées si vite pour réparer un bâtiment ? Parce qu’elles attendent un retour sur investissement, entre autres bénéfices secondaires. La réputation des «Seigneurs» n’a pas de prix et faire la charité est leur spécialité. Sauver l’image de Paris le plus vite possible est l’assurance d’obtenir de copieuses retombées du tourisme planétaire de masse. Je ne serais pas surpris que l’idée d’une privatisation soit en arrière-plan pour ce Monument National... Et comme au moyen âge, c’est une façon pour les plus bigots d’entre-eux, de se payer une première loge au paradis...

Vous voulez être les plus forts, toujours et le montrer, car ce que vous cherchez à sauver en réalité, ce sont les apparences. Mais pour qui vous prenez-vous? Cette cathédrale nous appartient ! Chaque pierre de cette merveille a été posée et entretenue grâce à l’impôt. Chaque citoyen de ce pays se saigne aux quatre veines pour payer rigoureusement ses contributions, à l’heure, sous peine de poursuites ! Pouvez-vous en dire autant ?! Assurément non ! Nous n’avons pas besoin de vos millions pour relever Notre Dame ! Nous avons déjà payé !

Le commun des mortels que je suis ne sera jamais milliardaire, mais il sait écrire, compter et raisonner. Que représentent cent millions d’euros ? Deux ans de salaire du footballeur Lionel «Messi», (Messi, ça ne s’invente pas !) ; sept ans de salaire de Carlos Ghosn ; un super bonus de trader anglais pour l’année 2008, merveilleuse année de «crise supergagnante» à la City de Londres... Autant dire presque rien pour ces virtuoses de «l’optimisation» fiscale, amis indéfectibles de notre président énarque et rothschildien en diable.

En revanche, pour un sans domicile, un chômeur, une ouvrière, un compagnon tailleur de pierre ou une «petite main» du textile, 100 Millions représentent un rêve inaccessible ou une modeste décharge de sérotonine au moment de cocher une grille perdante d’Euromillion... Toujours est-il que les chiffres sont là : 100 millions d’€uros, c’est 5478 ans de smic bruts. Un milliard d’€uros, c’est dix fois plus. Devant la suspicion légitime face à ce tsunami de générosité médiatisée, les patrons «donateurs» disent déjà refuser la défiscalisation à 60% des sommes promises... On soigne son image cathosphérique, chez les ultra riches ! Même si les richesses produites à prix sacrifiés par des ouvriers-esclaves, le sont dans des pays ultra pauvres. Il faut croire que c’est un détail au vu du caractère sacré et indiscutable d’une cathédrale parisienne qui doit concentrer toute l’attention, pour nous détourner de toute autre question «bassement humaine» comme la misère en France, la faim dans le monde, l’esclavage des ouvriers bangladais, égyptiens, grecs, roumains et même français...

La fuite des capitaux, la mondialisation sauvage, l’exploitation criminelle, le trading à haute fréquence, nous ont appris qu’il n’y a pas de milliardaire honnête ! C’est pour cette raison qu’à chaque occasion, les riches veulent s’inventer une virginité. Et quel plus bel endroit pour ça, que la maison de la «Sainte Vierge Marie» ?!... Dans la France du monde réel, les hôpitaux se vident de leur personnel, on privatise des barrages hydroélectriques et des aéroports nationaux, les lobbies agro-alimentaires empoisonnent notre nourriture avec la complicité du pouvoir, les écoles ferment, des actionnaires font crever les vieux dans les maisons de retraite et les EHPAD, le tabassage fiscal augmente sans qu’on en voie la contrepartie... La magnifique idée de progrès social s’est envolée.
Il en va des symboles comme de la justice : deux poids, deux mesures. Dans quelques jours, nos bons «Maîtres» viendront sur les plateaux de télévisions, maquillés comme des voitures volées, nous expliquer pourquoi ils ont sauvé Notre Dame, sans se soucier un instant des misérables qui mendient à ses pieds depuis huit cents ans... Philippe Drouot -18 avril 2019
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sagnol
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Re: IL Y A UN AN... NOTRE-DAME

Message par sagnol »

Faut-il donc qu'il y ait le feu au lac pour que deux adeptes du spectable : l'actrice Jeanne Balibar (voir la rubrique "Tous les sujets") et le cinéaste Philippe Drouot, expriment leur indignation d'une manière aussi forte, aussi crue, aussi désespérée. Faut-il aussi que le sujet évoqué : l'utilisation de la richesse du pays, ait atteint les limites du supportable pour que ces artistes, plus destinés à nous raconter des histoires qu'à commenter l'actualité, sortent du cadre de l'écran et de la "boite à illusions", pour nous hurler, avec leurs mots à eux : "ça suffit maintenant, vous êtes allés trop loin, vous dépassez la fiction".

Le milieu des saltinbanques a de tous temps vu émerger des porte-parole dénonçant dans les médias ou prenant parti pour des sujets d'actualité, certains ont même failli faire une carrière politique. Mais c'étaient plus des escarmouches de salon où l'on cause que de véritables imprécations. Ce qui prouve que le monde n'a pas dû s'améliorer depuis Molière, Montand et Coluche, pour ne citer qu'eux, car les maux dénoncés ici sont ceux de la vie et du quotidien des plus faibles et des plus démunis, pour cause d'injustice, d'égotisme, d'égoïsme et de lâcheté collective.

On peut débattre de la politique, des affaires ou de la finance, confortablement installé devant son poste de télé, d'où on ne nous sert que très rarement des propos à l'os comme ceux-ci : annonceur oblige, la ligne éditoriale doit rester soft et sans éclat. Faut quand même pas déconner !

Merci donc à Philippe Drouot et à Jeanne Balibar pour leur saine colère et à ce forum pour l'avoir laissée s'exprimer.

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